« Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres.

Les arbres, les rochers t'enseigneront les choses qu'aucun maître ne te dira » Bernard de Clairvaux

Ecoute Les Fleurs, est un blog qui témoigne comment les artistes se mettent au diapason de la nature, comment chacun peut rester en silence ou chanter, s'émerveiller, contempler, s'inspirer, créer, recréer, toujours respecter, pas forcément étudier ou juste ce qu'il faut, ne pas agir mais protéger.

Chaque jour, écoute une fleur, elle te dira…

Un jardin de peintre à Giverny





De la portière du train qui reliait Giverny à Gasny, le peintre Claude Monet avait aperçu un jour le village de Giverny. Coup de foudre. Il s’y fixe aussitôt et c’est là qu’il vivra, de 1883 à sa mort en 1926.

Tout de suite, il fait aménager un jardin selon ses goûts : à l’ouest, un verger parsemé de touffes d’iris. A l’est, des massifs de glaïeuls, phlox, marguerites, asters. A chaque saison, le jardin change de couleurs au gré des floraisons, des gelées et des coups de vents. Levé chaque matin à cinq heures, ou plus tôt, Claude Monet aime s’y promener avant d’installer son chevalet.

En 1893, il achète un terrain mitoyen et c’est alors qu’il fait creuser les fameux étangs plantés de toutes les variétés de nénuphars qui lui inspireront la plus abstraite des ses œuvres : les Nymphéas.

Monet était alors une sorte de « monument historique » qui accueillait à Giverny des jeunes peintres s’approchant pour lui rendre hommage, des journalistes venus pour l’interviewer, ou des personnalités du temps. L’intérieur de sa maison aux couleurs jaune soleil et bleu comme le ciel heureux, se remplissait alors d’une douce compagnie, dont Sacha Guitry, Clemenceau, Cézanne, Renoir, Rodin…

Dans ces jardins merveilleux, que la France n’a pas su restaurer (c’est une société américaine qui l’a fait), resplendissants de couleurs selon les saisons, on croit encore apercevoir la silhouette d’un vieux monsieur au regard très doux, vêtu hiver comme été d’une veste en gros tissu de laine, la tête invariablement couverte d’un chapeau rond en paille claire, et qui cherche comment la lumière joue avec les fleurs…

Dans une autre vie, dans les années 80, j’habitais la Vallée de la Seine, et j’ai eu la chance plusieurs fois de visiter ces jardins à leur ouverture au public, après restauration et avant qu’ils ne soient trop connus. A chaque visite un phénomène se passait en moi : cet endroit me lavait les yeux, vraiment, et sur le chemin du retour les couleurs des paysages n’étaient plus vraiment pareilles, ou si, en mieux !

En illustrations : les jardins, la maison, la cuisine et la salle à manger de Giverny.

Pour visiter le Jardin de Claude Monet, avec de belles vidéos et l'historique de la restauration des jardins et de la maison du peintre : http://www.fondation-monet.fr/

Le temps de confitures

Le meilleur livre que je connaisse sur les confitures : celui de Christine Ferber

C’est elle qui m’accompagne depuis 5 ans de ses précieux conseils. Mes confitures sont ainsi des délices et font des envieux. C’est aussi une très belle occasion de constituer des cadeaux de Noël originaux, fort économiques et néanmoins savoureux, avec un peu de travail en cuisine et une petite décoration de présentation.

Voici une interview de l’artiste-cuisinière, réalisé par le journaliste François Simon :

Le sucre est-il un ange ou un démon ?

Les deux... Trop de sucre nuit à la santé, mais il reste avant tout un ange. C'est sans doute la première chose que l'on goûte quand on manque d'affection. C'est alors un nuage de douceur qui vient vous enrober.

Y a-t-il un fruit qui vous résiste ?

On ne peut pas dompter une matière ni même la maîtriser, mais l'apprivoiser, oui. La matière reste maîtresse. Tous les fruits et légumes que je travaille me résistent, c'est pour cela que j'ai choisi de le faire tout en douceur. Cependant, j'ai du mal à faire gélifier un fruit comme le litchi. Quand il ne veut pas, je n'insiste pas.

Une confiture proche de l'irréalisable ?

Mon rêve serait de réaliser une gelée avec un fruit aussi fragile que la framboise que j'arriverais à confire dans son entier. Il n'est pas loin d'un autre rêve, évoqué dans un livre de recettes anciennes « Le Confiturier Royal ». On y parlait de « praliner » des framboises. J'ai trouvé cela magnifique.

Une confiture pour dissoudre la tristesse ?

Presque toutes. Il suffit de choisir le fruit que l'on préfère, celui qui vous est le plus doux.

Un chef-d'oeuvre de la pâtisserie ou de la confiserie qui vous fait tomber à la renverse ?

Les manons à Bruxelles : une crème fraîche battue jusqu'au beurre, dressée en forme de truffe, enrobée de cerneaux de noix et recouverte de fondant ; une confiserie riche et sucrée... je me permets juste de la regarder. A consommer avec beaucoup de modération !

Quelle part de vous mettez-vous dans vos confiseries ?

Toute ma générosité et mon respect pour la nature et les personnes qui soignent mes arbres.

Où vous nourrissez-vous en images ?

La plus belle image, ce sont les couleurs du ciel que j'observe de ma maison, le matin au soleil levant ou au coucher du soleil. Ce sont pour moi les couleurs du bonheur.

Un moment, un endroit qui vous rassemble et vous ressemble ?

Là où je suis assise en ce moment : dans ma cuisine, au terme d'une longue journée de travail. J'observe l'atelier autour de moi. Tout est silence, personne, rien autour de moi, si ce n'est la veilleuse d'un feu allumé. Cela me ressource et là, je peux écrire...

Vos livres de chevet ?

Deux romans que j'adore, Le Parfum, de Patrick Süskind, et Soie, d'Alessandro Baricco.

Qu'emporteriez-vous sur une île ?

Une valise remplie de livres. Et puis une grande boîte de crayons de couleurs, vous savez, celle qui illuminait notre enfance avec les mines impeccablement taillées...

Boisson qui vous rend meilleure ?

Un chocolat chaud avec un peu de crème fraîche battue sur le dessus.

Aimez-vous votre prénom ?

Oui. On dit des Christine qu'elles sont sages et... intrépides !

Quelle senteur acceptez-vous sur vous ?

J'aime les parfums de Guerlain, et je n'en porte que lorsque je ne suis pas dans ma cuisine : Champs-Elysées, Shalimar...

Se réincarner ?

En un arbre, un chêne qui abrite, protège, écoute et raconte. J'aime les histoires, les beaux mots m'apaisent.


En illustration : une photo des confitures de Mudita, et la couverture de l’ouvrage « Mes Confitures » de Christiane Ferber, aux Editions Payot.